Mercredi, 10h30. Notre quête de la petite salle, anciennement connue sous le nom de E300 est décidéement difficile. A se demander pourquoi... Finalement, ce n'est pas tellement un problème: nous profiterons plus du théâtre, et nous verrons le moment venu pour les programmes qui ne sont que dans cette salle.
Fade Into White #3 (CM3)
Et si on prenait un petit court-métrage bien glauque, pour commencer? Dans Dad's Dead, on fait la connaissance d'un jeune garçon qui se souvient de son meilleur ami. Bientôt, on découvre que l'ami en question semble être le diable en personne, toujours en quête d'un mauvais coup. Le parti pris graphique, mélange de brouillards et de visages hagards renforce ce récit malsain et fait concurrence à La Séparation (photo). Deux frères siamois ne sortent pas indemnes de leur opération chirurgicale. L'un a des pulsions meurtrières tandis que l'autre cherche à se réunifier.
Dans la catégorie expérimentale, on citera Voyage en Chine qui une longue exploration musicale et rythmée d'une image unique et Fade Into White #3, dans lequel un photographe nous livre son monde, une réalité déformée par son appareil. Une gare en noir et blanc, explorée dans tous ses recoins. Une balle, qui s'anime et se fige au hasard des clichés. Jeux d'ombres et de lumières, musiques douces et sons stridents se succèdent dans un rythme très lent, trop lent. Dommage, car la surprise initiale laisse place à la contemplation qui s'efface bientôt pour ne laisser qu'une impression d'ennui!
Comment les Sirènes se reproduisent: une idée originale mais une réalisation très basique en animation de volumes. Par la suite, on ne s'étonnera pas de vivre une expérience post-mortem dans Terminal où un homme se souvient de son rapport avec la mort en passant lui-même de vie à trépas. Un court-métrage noir. Et blanc, sans aucune autre nuance.
Après toutes ces tourmentes, c'est avec grand plaisir que j'accueille Ski Jumping Pairs, qui aurait pu passer inaperçu dans une sélection plus standard tant l'animation est moyenne. Les derniers jeux olympiques accueillent une nouvelle discipline: le saut à ski à deux. Tous les délires sont permis, et les techniques diverses de figures loufoques se succèdent sous les commentaires très professionnels des commentateurs. Une médaille d'or pour les français. C'est vraiment de la science-fiction!
Robbie le Renne II (TV3)
Un nombre restreint de films de télévision pour cet après-midi. Robbie le Renne 'La Légende de la Tribue Perdue' tiendra t'il ses promesses? Blitzen sort de prison pour bonne conduite et décide bien entendu de se venger de Robbie avec pour puissant allié un maître du camouflage. La partie promet d'être serrée et Robbie va devoir faire appel à de surprenants vikings.
Cette nouvelle histoire ne parvient pas vraiment à égaler la précédente. On s'amuse beaucoup de cet humour bon enfant mais l'effet de surprise n'y est plus... Malgré tout, un moment de rigolade assurée!
Marcellin Caillou nous fait entrer de plein pied dans l'univers graphique de Sempé, un monde emprunt de naïveté et de douceur enfantine. Marcellin rougit pour un oui ou pour un non. C'est parfois bien gênant! Et il n'existe pas de traitement. Marcellin nous raconte ses souvenirs d'enfance et nous parle de son meilleur ami René Rateau. Un programme raffraichissant et agréable.
Legend of the Sky Kingdom (LM2)
Des enfants s'évadent d'un orphelinat situé dans les tréfonds d'un enfer métallique et verront leur foi éprouvée dans les nombreuses épreuves qui jalonnent le chemin du Royaume des Cieux.
Ce long métrage a demandé beaucoup de travail puisque la technique employée est l'animation d'objets. De fait, le rendu graphique est plutôt surprenant par l'utilisation de matériaux recyclés, mais on se laisse vite emporter par l'histoire, l'adaptation libre et un peu enfantine d'un conte africain qui distraira également les plus grands.
Des mouvements de caméra assez surprenants pour ce type d'animation dynamisent la mise en scène des marionnettes métalliques... Sans être un chef d'oeuvre, on ne peut que s'incliner devant la réalisation exemplaire de ce film!
L'Enfant qui Voulait Être un Ours (LM3)
Une maman ours perd son bébé lors d'une attaque menée par des loups affamés. Submergée de chagrin, elle se laisse lentement mourir. Son compagnon ne sachant que faire décide d'enlever un nouveau-né humain dans le chalet d'un chasseur non loin de là. L'enfant est alors élevé comme un ourson par sa mère adoptive, tandis que l'homme et sa femme cherchent désespérément leur fils. Un drame se prépare sur la banquise...
Le graphisme doux et chaud de ce dessin animé ne doit pas tromper: le conte inuit original n'a pas été édulcoré et l'on assiste à des scènes assez dures. La mort, la cruauté et l'incompréhension font partie de la vie comme les jeux, la découverte et l'amour. Petit Ours en fera l'apprentissage douloureux! Tour à tour poétique et dramatique, le film possède un charme certain, porté par une musique magnifique de Bruno Coulais (Le Peuple Migrateur).
La réalisation n'est malheureusement pas à la hauteur. Quelques longueurs se font sentir, et la trame chronologique est difficile à suivre. Beaucoup de segments d'animation sont utilisés et réutilisés, signe d'un budget étriqué, et la technique est un peu faiblarde par moments. De plus le doublage français n'est pas des plus réussis: on se serait volontiers passé de la voix française de Bruce Willis, beaucoup trop typée pour un dessin animé de ce type.
Malgré tout, l'Enfant qui Voulait Être un Ours est une très belle oeuvre et sera mon favori pour le Grand Prix. Le jury saura-t-il fermer les yeux sur ses défauts? Rien n'est moins sûr...