Atama Yama (CM4)
Décors urbains et affiches agressives constituent le canevas du générique d'aujourd'hui, &Cie. Un peu fouilli, il n'en demeure pas moins efficace. La projection commence très fort avec Atama Yama, de l'animation crayonnée japonaise. Un homme pingre découvre qu'un cerisier pousse sur sa tête. Seulement, le printemps commence et l'arbuste fleurit. C'est le début des ennuis! Illustré par une musique traditionnelle japonaise, le court métrage laisse une impression étrange, entre amusement et malaise.
Le très contemplatif Red Tree révèle la condition des femmes coréennes durant l'invasion japonaise. D'abord doux, le propos tourne vite à la cacophonie. L'animation consiste à déplacer des images fixes par ordinateur: ça lasse assez rapidement.
Inspiré par la poésie de Jacques Prévert, Pour faire le portrait d'un loup est à l'inverse très léger et enfantin. Ce court-métrage fait d'ailleurs partie de la compilation Loulou et autre loups, qui est passée dans les salles d'art et d'essai cette année.
Cela nous permet de respirer un peu avant de nous jeter dans le sombre Having Soul, dans lequel un père explique à son fils que les soldats n'ont pas d'âme. Alors, le petit garçon fait un voeu: il souhaite que ses petits soldats de plomb en aient une. Pour un tel sujet, les marionnettes s'imposent!
Tout en 3D mais guère plus réjouissant, Mr Etoffe est un vieil homme un peu lugubre, une poupée remplie de sable qui se rend dans une gare déserte. Là, ses souvenirs le submergent, et il se rappelle un lieu plein de vie et de promesses. Mais le songe éveillé s'estompe pour la grise et froide réalité...
Heureusement, quelques petites pointes d'humour se sont échappées dans Hush, où les petits cochons confondent le père noël et le grand méchant loup, Cane Toad, ou comment les crapeaux peuvent mourir bêtement et Modern Man, un raccourci fulgurant sur la théorie de l'évolution. Enfin, Lalala L'amour montre un coup de foudre entre une taupe et une poule. Tout arrive!
Le Roi de la Forêt des Brumes (TV4)
Le Roi de la Forêt des Brumes. Ashley, un jeune britannique élevé en Chine dans l'hôpital de son père, doit quitter le pays lorsque le conflit sino-japonais survient. En passant le Tibet, il se perd et est recueilli par une tribu pour le moins surprenante, établie dans un havre de paix et de verdure au milieu des montagnes.
Le dessin évoque immédiatement la bande dessinée franco-belge et la fameuse ligne claire. La narration est à l'image de l'animation: fluide et précise. Un beau récit, qui aurait peut-être gagné à être un peu plus audacieux?
Plus comique, moins classique, Martin Matin explore un concept assez bien trouvé où Martin, petit garçon qui va à l'école élémentaire, se retrouve chaque matin dans la peau d'un personnage différent. Aujourd'hui, Martin est une fille! Destinée aux plus jeunes, la série explore intelligemment les angoisses de l'enfance dans la vie de tous les jours.
Ginger est un produit 100% américain, pensé politiquement correct et complètement calibré. Pourtant, force est de constater que c'est un produit intéressant et intelligent, ce qui n'a pas été le cas de bien des productions TV présentées jusque là... Dans l'épisode présenté, Ginger participe à un concours d'écrivains en herbe... et suscite les angoisses de son entourage lorsque son récit est dévoilé. Son héroïne, une marionnette mélancolique finit par briser ses liens et disparaît sans laisser de traces. Ginger est une adolescente douée, mais aurait-elle des problèmes inavoués?
J'espère que le film suivant est à la hauteur de nos attentes, et de nos efforts. Sortir de la séance de 14 heures et récupérer les places pour un évènement hypermédiatisé un quart d'heure avant le début n'est pas une sinécure. Mais rien n'est impossible à votre serviteur...
Les Triplettes de Belleville
Nous sommes dans les années cinquante. Un jeune garçon très réservé et mélancolique nommé Champion se prend de passion pour le cyclisme. Sa grand-mère et unique parente, Madame de Souza, décide d'aider le petit en lui achetant sa première bicyclette. Des années plus tard, on retrouve notre Champion au tour de France. Il se fait bientôt enlever par des hommes en noir au volant d'une fausse voiture balai. Madame de Souza et son chien Bruno partent alors à sa recherche. De fil en aiguille, les voilà de l'autre côté de l'Atlantique. Et de rencontrer les fameuses triplettes de Belleville, trois charmantes vieilles dames autrefois reines du music-hall...
Après La Vieille Dame et les Pigeons, Sylvain Chomet récidive avec des aventures hautes en couleurs et un peu loufoques. Le film dégage une atmosphère tout à fait particulière. L'ambiance rétro est accentuée par le traitement des couleurs et par le graphisme très bande dessinée. Ajoutons qu'il n'y a quasiment pas de dialogues et que la musique occupe donc une grande place. Et quelle musique! L'un des grands moments du film est sans doute la représentation des triplettes qui utilisent toutes sortes d'instruments pour le moins inhabituels: journal, roue de vélo, aspirateur et frigidaire!
Atypique, ce long métrage l'est assurément. La réalisation n'est pas en reste mêlant le dessin classique à une animation 3D plutôt réussie. Un film assez surprenant au premier abord, qui se laisse savourer ensuite... Le succès sera-t-il au rendez-vous? Réponse le 11 juin.
My Life as Mc Dull (LM4)
McDull est un petit cochon qui vit à Hong-Kong. Pas vraiment doué pour les études mais rêveur invétéré, il fait tout pour plaire à sa maman, une femme pour qui la réussite passe par un travail acharné. Nous le suivrons dans quelques unes de ses aventures mi-réelles mi-imaginaires, comme son voyage aux îles Maldive et sa préparation à la discipline presque olympique de l'arraché de brioche.
Le narrateur est McDull lui-même, devenu adulte. Il dresse ainsi un constat mi-figue mi-raisin sur son enfance, emprunt de nostalgie et d'amusement. Cela explique que le film n'a pas de trame narrative bien définie, mais s'attarde plutôt sur des impressions et des souvenirs forts. C'est assez déroutant et il est assez difficile de rentrer dans un récit aussi décousu qui évoque des moments parfois sans grand intérêt. C'est sans doute le grand défaut du film...
La réalisation est elle-aussi déconcertante. Mélange de techniques d'animation très diverses, de la prise de vue réelle au dessin en passant par la 3D, elle renforce l'aspect désordonné du scénario. Au final, donc, une oeuvre drôle et fraîche aux accents parfois mélancoliques. Mais qui ne l'est pas en se remémorant son enfance, parfois? (Sortie le 2 juillet)