Samedi 8 juin 2002, 12h30. Nous venons d'assister au dernier programme en compétition. La semaine sera passée comme un souffle, sans rien qui puisse la retenir. Déjà, des souvenirs...
La Mémé et le Bébé (ETU1)
Trêve de nostalgie, passons aux choses sérieuses en inspectant le menu du jour: le Supinfocom Si je t'attrape est une beauté en trois dimensions. Beauté malheureusement sans caractère: on semble retomber dans le travers de la technique sans âme que j'ai déjà évoqué de nombreuses fois en ces lignes les années précédentes. Tiens, ça n'a rien à voir mais j'ai totalement oublié d'évoquer le générique du jour: des nains préparent un court métrage dans une boîte à jouets. C'est mignon mais un peu plat, ce qui explique sans doute que je n'en ai pas parlé en premier lieu.
Sautons quelques hors d'oeuvre pour passer sur A short film, un film brittannique drôle et référentiel, réalisé en hommage à l'animation japonaise. Tiens, j'ai déjà lu ça quelque part... Y'aurait-il un phénonème nouveau? Verra-t-on apparaître d'autres courts métrages dans le genre? Cela semble être en effet une tendance...
La Mémé et le Bébé accentue les points communs entre ces deux êtres, l'un à l'aube de son existence et l'autre à son crépuscule. L'un boit son biberon tandis que l'autre mange sa purée à la paille. Point de sentiments graves, plutôt une certaine drôlerie et un peu de tendresse. Je m'attendais il est vrai à quelque chose de plus amusant, mais il reste un divertissement sympathique.
Accélérons la lecture! Giant Steps est un clip basé sur le morceau idoine de John Coltrane. If Only rappelle que l'eau courante est une chance que d'autres n'ont pas. The Guidman of Ballengeich raconte une histoire écossaise. L'originalité réside dans la réalisation, confiée à des enfants d'école primaire. Kuvastin fait quant à lui penser à Elephant Man dans le thème mais pas dans le traitement. Cela demeure fortement étrange.
Ralentissons pour Les Enfants du Miel, à priori relativement inoffensif quand un lapin tente de voler du miel aux abeilles. Oui, mais rien à voir avec du Winnie l'Ourson. Par le traitement graphique (teints sépia, marionnettes) et le surréalisme de la mise en scène, une certaine angoisse est instillée et fait son chemin.
Prasavci n'a d'autre ambition que de nous distraire, ce qui n'est déjà pas si mal. Pari réussi: on aime forcément cette famille sympathique de mammifères qui doivent coexister dans un monde de dinosaures. Mais quelle est cette lueur orange et étrange qui envahit le ciel?
Une petite merveille d'invention se pointe ensuite à l'écran. Tauro relate l'histoire de la relation étrange que l'homme entretient avec le taureau. La représentation de l'animal à l'écran suit l'art pictural: de simple peinture rupestre jusqu'aux couleurs de la renaissance. Un seul regret: c'est trop court!
Enfin, Insight nous conte comment un troglodyte enfermé dans un monde monochrome découvre la lumière du jour, ennemie mortelle puis guide salvatrice. Le traitement des couleurs (nuances de gris remplacées sur la fin par des tons chauds et éclatants) nous donne à nous aussi l'impression de découvrir l'arc-en-ciel. Joli!
Spicy Animation
22h30. Le festival touche à sa fin et plus aucun programme n'est proposé. En sortant de ce fameux restaurant de brochettes à volonté, la question se pose: qu'est-ce qu'on fait maintenant? il est trop tard pour assister à une retransmission de la cérémonie de clotûre. Il pleut, alors on oublie le Pâquier. Je crains le pire, car il y a bien une dernière séance, anecdotiquement évoquée dans le quotidien du festival. C'est à propos d'animation épicée... j'abdique.
Toute discipline a un côté sombre, rarement évoqué mais toujours présent. Le dessin animé cache des moeurs pas très cathodiques: de l'érotisme soft au porno hard-core, ce programme peu recommandable aux moins de dix-huit ans récapitule le sexe animé. On s'en doute, y'aura pas de Disney ce soir. Sûrement pas. Des barbies dévergondées, par contre, oui.
Seuls deux court-métrages trouvent grâce à mes yeux: Amour de gare, métrage de fin d'études original qui compile toutes les bédés érotiques à bas prix que l'on peut trouver... dans les gares! Drôle sans être vulgaire, le film démonte soigneusement les poncifs du genre. Der Shlangemann est à l'opposé tellement il est horrible. Il est à peu près certain que Ken n'a pas de problème de prostate; l'animation de poupée barbie: une nouvelle tendance!
Toutes les techniques et toutes les qualités d'animation se retrouvent dans cette sélection de court-métrages relativement récents (le plus vieux date je crois de 1996), preuve que cette catégorie, si elle est marginale, se renouvelle bel et bien. Peut-être que le salut de l'industrie du X viendra un jour de l'animation?
Dimanche, 00h30. Nous voilà enfin sortis d'affaire! Un pénible et inutile court métrage de vingt minutes a cloturé la séance. La fatigue l'a emporté au milieu du programme, et peu de signaux atteignent encore mon cerveau embrumé. Pourtant, j'apprends que Barcode a remporté le grand prix. Incrédulité, consternation: le jury pourtant respectable (Wendy Tilby, Pete Docter, Michaël Dudok de Wit) a choisi de récompenser une jolie pièce de technique dépourvue de toute âme. Etrange... Je finis par mettre la main sur le dernier journal. Comme d'habitude, le meilleur comme le pire se côtoient au palmarès. Faut-il vraiment plaire à tous?