Le Lapin est condamné à subir le même sort, encore et encore, jour après jour. Faut-il qu'il ait commis quelque crime impardonnable pour en arriver là... Mais déjà Son pouvoir reprend le dessus: Lui est adulé par l'audience, son adversaire est huée et détestée. Nul doute que ce n'est pas la dernière fois que l'on entend parler de lui...
Big Knights (TV)
Voulant sans doute se débarrasser d'une image trop gentille, le festival est aujourd'hui annoncé par un générique plutôt trash, et globalement assez éloigné des Teletubbies. Disons que le morveux (au sens propre du terme) n'a laissé personne indifférent. Mais revenons à nos films de télévision...
Ma sélection se porte aujourd'hui sur deux bonnes histoires et sur deux métrages étranges, voire extra-terrestres. Big Knights est un dessin animé assez drôle, britannique à souhait sans excès. Il raconte les tribulations de deux chevaliers Boroviens aussi braves qu'intelligents, globalement plus dangereux que la météorite qui passe dans le coin. La Borovie est un gentil petit pays, moderne et tout, qui conserve néanmoins une monarchie pacifiste et dont le roi éclairé devra faire face à une situation de crise...
Le Dernier Métro avant Noël est lui un conte remis au goût du jour: les enfants indignes d'un couple de hippies cherchent à piéger le Père Noël. Par chance, celui-ci est aidé par les jeunes de la cité pour que la fête ne soit pas gâchée. Agréable et optimiste, l'histoire vaut beaucoup pour ses personnages hauts en couleurs.
En parlant de couleur, Le Jeu de Bleue est un divertissement pour les plus jeunes (mais alors vraiment très jeunes, hein) avec un gentil présentateur bien réel incrusté dans un décor de fiction. Aujourd'hui, on découvre l'amitié, la ville, la Poste, et les taxis jaunes mais pas oranges. C'est bien difficile de juger sur l'aspect pédagogique de la chose. Ce qui est drôle par contre, c'est ce pauvre présentateur qui se démène et que l'on imagine devant ce néant bleu... et qui parvient à être totalement ridicule.
Puisque l'on est sur la mauvaise pente, dirigeons nous vers l'affligeant Coco Bill. C'est un très beau ratage: animation frisant le zéro absolu, gags qui tombent tous à plat, histoire qui fait passer un épisode des Pokemon pour un thriller haletant. Non, vraiment, je ne m'avance pas beaucoup en disant qu'il gagne le PP (Prix du Pire) haut la main.
Father and Daughter (CM)
Passons à quelque chose de plus consistant: les courts métrages. Cette catégorie est la plus importante, et la plus ancienne, du festival. C'est là que la majorité des oeuvres est présentée. Mais la qualité (selon mes critères subjectifs) n'est pas toujours au rendez-vous.
Pourtant, For the birds augure du meilleur: c'est un Pixar (Toy Story, Geri's Game, ...), le premier studio à avoir donné une âme à l'image de synthèse et ce depuis quinze bonnes années. Une colonie d'oiseaux s'installe sur une ligne électrique, mais voilà qu'un grand volatile cherche à sympathiser... L'histoire du vilain petit canard, en somme, avec une chute appropriée. Rien à dire: c'est du grand art !
Postcards of Belief est lui pénible à souhait. Peut-être est-ce un souhait de l'auteur puisque qu'il explore les tréfonds de la douleur... Ce n'est rien à côté de Crime et Châtiment, qui est presque un acte de pénitence à lui seul - quoique pour ma part, j'ai plutôt bien dormi, merci. Je passerai également sur Eat, du très tendance Bill Plympton, qui montre des cycles d'ingurgitation et de régurgitation du meilleur effet.
Heureusement, il y a Fruits of Labour, conte traditionnel hollandais et La Vie Sexuelle des Lampyres, sorte de Microcosmos en plus vite, pour rehausser le tableau.
Et puis il y a Father and Daughter (photo): l'histoire d'une petite fille qui voit partir son père en mer... et qui viendra en bicyclette, durant toute sa vie, scruter l'horizon, cherchant l'espoir... La roue du temps n'épargne personne et pourtant, dans un dernier souffle, la petite fille étreindra son père. Belle poésie...
Gloups, Je Suis un Poisson ! (LM)
C'est presque contre mon gré que je me dirige vers l'Espace 300, ce soir. Non que j'ai une dent contre Gloups, mais je sais que dedans, ils chantent. Moi, j'aime pas les dessins animés où on chante. C'est plus fort que moi. Mais on est en démocratie et donc, il faut parfois prendre sur soi.
Finalement, l'histoire de ce petit garçon transformé en poisson est assez bien emmenée, mais bon sang, pourquoi ce long métrage européen souffre-t'il de tous les symptômes d'un Disney moyen (oui, car même si je râle tout le temps, il y a des disney que j'estime beaucoup. Il ne faudrait pas que Mickey soit mort pour rien!) avec les méchants irrécupérables, le faux suspense à la fin et tutti quanti? Cela dit, la réalisation est irréprochable, bien que très classique. C'est à mon avis le bon ticket pour le grand prix du long métrage, dans une optique de politiquement correct... ça y'est, j'ai lâché le terme.
Il faut dire que je n'ai toujours pas digéré l'affaire de l'an dernier, où aucun long métrage n'avait été primé pour cause de 'qualité insuffisante'. Cette raison, officielle et fallacieuse, en cachait à mon avis une autre moins louable: il ne faudrait pas que le festival prime des oeuvres à connotation trop forte. J'entends par là, que le très réussi Jésus était un peu trop religieux, et Utena un peu trop non conformiste (voir l'an dernier pour un résumé de ces histoires). De fait, Blood n'a à mon avis aucune chance. Mais Gloups, si !